J’ai vécu dans cette maison à Yuozza jusqu’à l’âge de deux ans et demi mais je ne m’en souviens pas vraiment. Je n’en connais que les histoires que l’on m’a racontées :
« Lorsque ta soeur est née, tu as commencé à dormir avec ton arrière grand-mère dans l’arrière cuisine. Tu lui demandais des papouilles dans le dos tous les soirs. »
« Les enfants du village voulaient te piquer ton gâteau que tu avais à la main. Mais tu ne t’es pas laissée faire et tu en as mordu un à la joue. »
« J’ai essayé de te rattraper mais tu avais déjà crapahuté jusqu’à la crotte de poule pour la manger. »
Mes premiers souvenirs remontent à mon arrivée sur Paris. J’étais tellement heureuse d’y être arrivée! Mais cela n’a pas duré. J’éprouve encore parfois cette sensation d’extrême solitude que je ressentais lorsque j’errais seule dans l’atelier de couture de mes parents.
Puis nous avons déménagé dans le 93 où j’ai intégré le collège République. Et là, ce fut le choc des cultures car à la maison on me demandait d’être docile et gentille alors qu’à l’école c’était la guerre.
Ma professeur de mathématiques a demandé à mon père de me scolariser dans un bon lycée au vu de mes résultats. Il m’a inscrite au lycée Saint Michel de Picpus à Paris où j’ai commencé à faire du Catéchisme à la place de traîner dans les cités.
Comme je l’ai dit, j’ai longtemps cherché qui je suis, mes racines. Elles sont sûrement dans cette maison à Yuozza que j’apprends à connaître petit à petit. Mais un jour, on m’apprend qu’elle va être détruite. Cela m’a fait un tel choc que j’en ai pleuré sans pouvoir m’arrêter.

Après réflexion, peut-être qu’en nous posant sur un arbre sans racines, nous devenons plus fort. Cela nous apprend à nous accrocher aux branches en cas d’intempéries. Mes branches à moi ce sont ma famille, mes amis mais aussi mes rêves et mes envies. Et j’ai finalement compris que c’est en suivant nos propres rêves et non en faisant ce que les autres attendent de nous que nous commençons à découvrir qui nous sommes réellement.

Je l’ai fait assez tardivement. J’ai commencé par me séparer d’une personne toxique, par essayer de me reconstruire pour reprendre mon avenir en main. J’avais des résolutions en 2017 : être libre, vivre, chercher le bonheur, faire en sorte que mes enfants soient heureux, faire du bénévolat, apprendre à nager, refaire du vélo, voyager, dessiner, sortir et rire. Je pense avoir coché toutes les cases des objectifs que je m’étais fixés et cela malgré le Covid. J’ai même fait mieux, j’ai reconstruit une famille autour de mes enfants.

Alors peu importe les guerres, les épidémies et le réchauffement climatique, je suis décidée à profiter de la vie tous les jours. Je pensais que seuls les voyages me permettraient de mettre en suspens mes problèmes et d’être complètement libre. Je m’aperçois qu’on peut l’être partout même chez nous à partir du moment où on l’est dans notre tête.

Je veux consacrer les cinq prochaines années à un autre objectif : contribuer à rendre le monde meilleur à mon échelle tout en prenant soin des personnes que j’aime. Rendez-vous en 2027 pour le bilan !

A vous!

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