En tant qu’immigré ou enfant d’immigré, il y a comme une obligation sociale de réussir sa vie. Il faut comprendre réussir économiquement, matériellement. La réussite, elle doit se voir pour, être vue par les autres. Alors il faut construire quelque chose. V’là la pression quoi…
Ce qu’il y a avec la deuxième génération, c’est à dire la mienne, c’est qu’on a qu’un seul modèle de construction : celui de nos parents. On comprend bien qu’en arrivant dans un pays étranger, il est plus facile et rassurant de construire le même modèle que son voisin. Alors, va pour le resto, le commerce, le prêt-à-porter, la couture, l’import-export etc…. Tout ceci a un seul point commun : l’entrepreneuriat, dans une logique totalement mercantile. Or, de cette vie où tu travailles pour simplement gagner de l’argent pour, mal, consommer ensuite, je n’y trouve aucun sens.
Ensuite, cette réussite s’affiche en famille. En tant que femme, elle doit reposer avant tout sur l’homme. C’est lui qui doit donner les moyens de consommer et permettre à la femme de s’habiller comme la voisine de droite, ou plus chère que la voisine de gauche. Et je sens que malgré le fait que mes parents m’ont poussée à faire des études pour avoir un bon job, mon éducation fait que j’ai été programmée pour devenir une femme d’un homme, une femme d’intérieur et une mère dévouée.
Donc mon modèle de construction c’est ça ? Une vie dévouée à la construction d’une famille bien nourrie et bien logée et à la construction conjointe de la tour la plus haute ? Si c’est ça, effectivement j’ai échoué. Divorcée avec deux enfants, isolée dans un village de 800 habitants, vivant au rythme de la nature. Pas de tour à l’horizon. Et puis de toute façon je ne me sens pas capable de réussir dans cette voie-là. Trop de pression, trop d’orgueil, trop de personnes mauvaises. Pour monter haut, il faut en écraser quelques-uns en bas. Trop de violence. Ça me met parfois même en colère. Je vois toute la frustration des uns, le sentiment de supériorité des autres, alors que, disons-le : tout le monde pète et chie pareil.
Bref, je ne suis pas faite pour cette lutte-là. Et puis, je suis hypersensible. Mon rythme à moi c’est le rythme de la contemplation. Oui je sais… c’est pas rapide. Mais le monde actuel, internet, twitter, toussa toussa, ça va trop vite pour moi. Alors, heureusement, c’est pas une tour que j’ai envie de construire, mais un havre de paix. Vous savez, comme la maison à Yuozza.
Hahahaha, je ne peux pas être plus d’accord.
Aller Huihan, Go! Tu seras la meilleure version de toi-même.
Merci Chao 🙂 Ensemble 💪💪